Dossier thématique Winckelmann

Exposition dossier du 22 au 30 novembre 2018 à la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art

Winckelmann et l’histoire de l’art antique
> Winckelmann et la tradition antiquaire
> Rome antique et moderne au XVIIIe siècle
> La vie de Winckelmann
> L’Histoire de l'art antique et sa diffusion en France
> Les autres oeuvres de Winckelmann

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Document n°4 - Johann Joachim Winckelmann (1717-1768)

Description des pierres gravées du feu Baron de Stosch

Florence, André Bonducci, 1760

Bibliothèque de l’INHA, cote 4 RES 1939

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1 volume in-quarto (26 x 18 cm)

Reliure de veau brun marbré, dos orné à 5 nerfs avec pièce de titre.

Estampille sur la page de titre : Bibliothèque d’art et d’archéologie, 19 rue Spontini, 19 Paris


L’antiquaire prussien Philipp von Stosch (1691-1757), après avoir voyagé dans toute l’Europe, s’installa en Italie et devint un proche du cardinal Albani. À Rome, ce personnage extravagant se fit marchand d’art et d’antiquités, collectionneur et espion pour le gouvernement anglais. Il fut contraint de quitter la ville en 1731, et trouva refuge à Florence jusqu’à sa mort. Il y installa son immense collection, qui occupait une maison à part et comprenait des estampes, des dessins, une bibliothèque, et surtout des pierres gravées antiques et des reproductions en pâte de verre (plus de 10 000). Son intérêt pour ce type d’œuvres se traduisit aussi par son Gemmae Antiquae Caelatae, sélection de pierres gravées de diverses collections publiée en 1724 qui a connu un succès important et influencé la création contemporaine dans les arts décoratifs.

Après sa mort, son neveu Heinrich Wilhelm Muzel (1723-1782) demanda à Winckelmann, qui était en relation épistolaire avec Stosch, de venir rédiger le catalogue qui devait servir à vendre la collection (elle sera achetée en majorité par Frédéric le Grand). Il séjourna donc à Florence de septembre 1758 à avril 1759, et y travailla encore pendant plusieurs mois ; il ne sera pourtant finalement pas rémunéré pour cet important labeur. Le catalogue comprend 3 444 numéros, qui donnent selon l’auteur un panorama complet de l’histoire de la glyptique : on y trouverait la plus ancienne pierre gravée connue, mais aussi la plus belle pierre étrusque. Les notices très détaillées pallient en partie l’absence d’illustration, d’autant plus regrettable que la plupart des pièces avaient été dessinées du vivant de Stosch (on a tâché d’y suppléer de la manière la plus propre ; et ç’a été d’aider l’imagination du Lecteur en citant d’autres pierres gravées, médailles et monuments déjà publiés, préface). À la fin est ajouté un catalogue abrégé de l’Atlas, c’est-à-dire de la collection d’arts graphique de Stosch.

Winckelmann se plia donc à la commande du propriétaire, qui demandait un texte en français ; mais il montra clairement sa conception de l’étude des œuvres antiques. Le classement regroupe d’abord les pierres égyptiennes et orientales, puis les pierres de l’antiquité classique par sujet (en commençant par la mythologie). Si, comme Mariette et Caylus, Winckelmann prônait une approche par nation et un classement chronologique, il affirma aussi l’importance du jugement esthétique dans l’étude de ces œuvres : La Connaissance de l’Art consiste principalement dans la différence de la manière tant des nations, que des Siècles, et dans le sentiment du Beau. Même dans ce cadre contraint, Winckelmann tenta donc la synthèse entre l’histoire érudite et l’approche philosophique.

CC

Bibliographie : Cristofani 1981 ; Zazoff 1983 ; Pomian 2000 ; Winckelmann 2013 ; Hansson 2014 ; Kunze 2016 ; Disselkamp - Testa 2017, p.199-210.