Dossier thématique Winckelmann

Exposition dossier du 22 au 30 novembre 2018 à la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art

Winckelmann et l’histoire de l’art antique
> Winckelmann et la tradition antiquaire
> Rome antique et moderne au XVIIIe siècle
> La vie de Winckelmann
> L’Histoire de l'art antique et sa diffusion en France
> Les autres oeuvres de Winckelmann

Bibliographie
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A propos


Document n°17 - Johann Joachim Winckelmann (1717-1768)

Histoire de l’art chez les Anciens, par M. Winckelmann ; traduite de l’allemand par M. Huber. Nouvelle Édition revue et corrigée

Paris, chez Barrois l’aîné, Libraire quai des Augustins, n° 19, et chez Savoye, Libraire, rue Saint-Jacques, n° 12, 1789

Bibliothèque de l’INHA, cote 8 RES 1384 (1-3) (inv. 31216)

exemplaire numérisé d’une autre bibliothèque

Branching

3 volumes (21 x 13 cm) Reliures en veau brun avec encadrements dorés, dos à six nerfs orné avec des motifs dorés, titre et tomaison. Sur le plat de couverture du volume I, ex-libris de Louis Dimier avec « 1909 »

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Cette troisième édition française du chef-d’œuvre de Winckelmann est une reprise, revue et améliorée, de l’édition de 1781. Dans une longue lettre datée du 24 juin 1784 et éditée par Pascal Griener en 1998 (p. 57-71), le philosophe allemand Christian Garve (1712-1798) avait en effet écrit à Huber que sa traduction de la Geschichte der Kunst des Alterthums n’était pas satisfaisante dans la partie « philosophique », le texte de Winckelmann n’étant pas très clair non plus dans ces parties. « Winckelmann ne fait souvent qu’indiquer : il laisse plutôt deviner au lecteur ce qu’il peut avoir pensé qu’il ne le lui explique. […] Quoi qu’il en soit : je sens - écrivait Garve -, que notre langue se prête en quelque façon à ces idées mal déterminées, qui ressemblent aux contours flottants, que W. attribue à la beauté ; mais la langue française s’y refuse entièrement. » (p. 58) En 1794, à peine cinq ans après la publication de cette seconde édition de M. Hubert, paraissait à Paris le premier volume de la nouvelle traduction française d’Hendrik Jansen (1741-1812), dont les volumes II et III paraîtront respectivement en 1802 et 1803. Par un arrêté du Comité d’instruction publique du printemps 1795, cette traduction de Jansen « sera placée dans chaque musée d’art et dans les principales bibliothèques de la République » (Louis TUETEY, Procès verbaux de la Commission temporaire de arts, t. II, 5 Nivôse an III-5 Nivôse an IV, Paris, Imprimerie nationale, 1917, p. 116-117) rendant ainsi obsolète le travail de Huber.

Cet exemplaire de la bibliothèque de l’INHA est enrichi, à la fin du vol. III, de 27 planches reproduisant surtout des pierres gravées, des peintures et quelques objets étrusques et égyptiens. Il a appartenu à l’historien et critique d’art Louis Dimier (1865-1943), lequel, selon un tampon apposé sur l’une des pages de titres du vol. 1, le donna à la bibliothèque d’art Jacques Doucet. En 1900, Dimier avait soutenu une thèse à la Sorbonne sur Le Primatice, peintre, sculpteur et architecte des rois de France, préparée sous la direction d’Eugène Müntz, dans laquelle il présentait, à juste titre, l’artiste italien comme « le véritable initiateur » de la Renaissance en France. Royaliste, catholique et antisémite, il fonda en 1907 l’Institut d’Action française.

Dimier lut très attentivement l’ouvrage de Winckelmann en l’annotant ici et là au crayon. Il s’intéressa particulièrement aux passages concernant Michel-Ange (II, p. 30, 31) et fut souvent critique envers les considérations de l’antiquaire sur les qualités de l’art grec et de sa beauté. Sur le frontispice du vol. I, il annota au crayon une citation du philosophe anti-révolutionnaire Louis de Bonald (1754-1840) en guise d’« épigraphe à prendre » : « Ce sont les doctrines étrangères qui nous ont asservis et livrés aux armes étrangères. Bonald ».

DG

Biblio. : Griener 1998 ; Pommier 2003, p. 227-228 ; Passini et Zerner 2008.